Bien que la cotation du risque soit un outil de « customer due diligence » (CDD) ou vigilance à l'égard de la clientèle, elle peut être bien plus que cela à condition d'être bien utilisée. La cotation du risque peut générer de nouvelles opportunités de revenus pour les banques, car elle permet d'établir de meilleures relations et de renforcer la confiance.

Le risque d’un client doit être associé à une cote ou à une fourchette de risque (par exemple, faible, moyen ou élevé). Le client se voit donc attribuer un score numérique et une cote de risque. Ainsi, les institutions financières (IF) communiquent aux organismes de réglementation le risque lié à leurs clients, et peuvent savoir si elles agissent conformément à leur goût du risque tout en appliquant les politiques et procédures appropriées pour chaque niveau de risque. Les banques acquièrent une idée plus précise de l’identité du client et du niveau de risque qu’il représente, leur permettant ainsi de décider des produits qu’elles peuvent lui proposer selon les différentes catégories de risque. Si un client est mal catalogué et classé parmi les clients à risque élevé, l’IF pourrait se montrer réticente à proposer certains produits ou services financiers. Cependant si le client présente en réalité un niveau de risque moyen ou faible, il s’agit d’une opportunité de revenu perdue pour l’IF.

C’est pourquoi la cotation du risque client a un impact sur les efforts de conformité des banques en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contribue à améliorer les services proposés à leurs clients, qu’ils soient nouveaux ou existants.

Qu’est-ce que la cotation du risque client ?

La cotation du risque client fait partie du pilier KYC/CDD (Connaissance du client ou « Know Your Customer » / Vigilance à l’égard de la clientèle ou « Customer Due Diligence ») du système de lutte contre le blanchiment d’argent. L’objectif de toute procédure de cotation du risque client est de permettre aux IF d’évaluer le risque qu’un client (ou un client potentiel) représente pour leur organisme, à la fois lors de son adhésion à la banque mais aussi tout au long de son parcours.

Dans le cadre du processus CDD, la cotation du risque client consiste à examiner les antécédents et les habitudes de celui-ci afin de déterminer sa cote. La cote de risque est basée sur :

  • Analyse démographique : il s’agit de vérifier des éléments tels que la nationalité, la profession, l’ancienneté au sein de l’IF, la date de naissance, les adresses résidentielle et postale, la profession, la cote de solvabilité (entre autres).
  • Contrôle client : le contrôle client est essentiel à la CDD car il permet aux IF de garantir en permanence le caractère licite de la relation commerciale avec chaque client sous leur responsabilité. Chaque client de l’IF est tenu par la réglementation de se soumettre à une vérification continue au regard de plusieurs listes de contrôle.
  • Schémas opérationnels : les banques doivent examiner tout enregistrement d’alertes à la fraude, de rapports d’activités suspectes (SAR), de rapports de transactions suspectes (STR) ou d’autres signaux d’alerte liés aux comportements du client.
  • Schémas transactionnels : les banques doivent examiner la provenance du patrimoine de leurs clients et déterminer si celui-ci est cohérent avec leur profession ou leur lieu de résidence. Il s’agit notamment d’analyser si les transactions ont un sens en tenant compte du profil de risque du client.

Problèmes liés à la cotation du risque client

Ce processus est très compliqué et peut créer plusieurs défis pour que les banques obtiennent des cotes précises et fiables. Les banques sont généralement confrontées à trois défis majeurs lorsqu’il s’agit de calculer et vérifier les cotes de risque.

1. Le risque client est fluctuant

Il est important de noter que la cote de risque d’un client n’est pas définitive postérieurement à la première étape d’accueil. Au contraire, elle évolue au fur et à mesure du parcours des clients au sein de l’IF. Un client pourrait recevoir une cote de risque moyenne à son entrée dans l’institution – mais passer à un risque élevé au fil du temps s’il effectue une série de transactions risquées. Puisque le risque client peut varier rapidement, les banques ont besoin de systèmes analysant continuellement les comportements de leur clientèle et actualisant les cotes.

2. Les outils traditionnels sont insuffisants

La fluctuation du risque client met en évidence le second principal défi auquel les banques sont confrontées : trouver les bons outils pour ce type de tâche. De nombreux outils CDD sont souvent inefficaces parce qu’ils ne contrôlent pas en permanence l’évolution des habitudes d’un client et la manière dont ces changements affectent sa cote de risque. Par exemple, un client qui est admis avec une cote/un classement de risque moyen(ne) peut voir son profil de risque changer du jour au lendemain (par exemple, s’il apparaît sur une liste de personnes soumises à des sanctions ou s’il déménage dans un lieu à risque élevé). Si une banque ne procède à la cotation du risque client que sur une base annuelle ou trimestrielle, les équipes chargées de la fraude et de la lutte contre le blanchiment d’argent ne seront pas en mesure d’adapter leurs règles de surveillance lorsqu’un client à risque élevé effectue une transaction sur leur plateforme, et ce, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Par ailleurs, cela peut également conduire à classer à tort les clients à faible ou moyen risque comme étant à risque élevé.

3. La réglementation est imprécise, mais les sanctions sont sévères

Enfin, les banques sont confrontées à un environnement réglementaire qui évolue régulièrement et qui est volontairement imprécis. Les attentes à l’égard des banques au sujet des obligations KYC/CDD peuvent être floues, ce qui en oblige beaucoup à adopter une approche réactive en matière de conformité. Certaines institutions financières développent leurs propres solutions en utilisant de nombreuses sources d’information (à la fois dynamiques et statiques), rendant très difficile le suivi et la réaction aux modifications de la cote de risque du client. Cette approche peut également contribuer à l’apparition de silos au sein d’un organisme, étant donné que les différentes solutions peinent à communiquer entre elles – ce qui rend encore plus difficile la mise en conformité au regard des exigences réglementaires actuelles. Si les réglementations peuvent être compliquées, les autorités de réglementation peuvent néanmoins infliger de lourdes sanctions en cas de non-conformité. En d’autres termes, les banques sont confrontées à un champ de mines potentiel dans lequel il est presque impossible de savoir comment avancer en toute sécurité.

Astuces pour l’amélioration du processus de cotation du risque client par les banques

D’un point de vue culturel, les banques ont considéré le CDD comme une activité « à cocher » que l’IF ne doit effectuer que lors de l’intégration et de façon périodique. Cependant, les banques ont l’occasion de revoir leur point de vue traditionnel sur la cotation du risque, une décision qui pourrait ouvrir de nouvelles sources de revenus, protéger leur crédibilité et leur permettre de comprendre qui sont réellement leurs clients et comment ils effectuent habituellement leurs transactions.

Améliorer la qualité des données

Disposer d’un ensemble fiable de données est fondamental pour le CDD et la cotation du risque. Les données doivent également être facilement accessibles et clairement formatées. Sans un ensemble de données solides, les paramètres de votre banque ne fonctionneront pas. Même vos processus actuels s’avéreront inefficaces si vous n’avez pas mis en place des pratiques appropriées en matière de données. Veillez à ce que votre banque adopte les bons outils pour améliorer ses capacités de cotation du risque.

Investir dans un système fiable d’évaluation des risques

Les banques ont l’opportunité d’adopter un système fiable d’évaluation des risques qui correspond à leur mission principale et répond rapidement aux nouvelles réglementations, même si elles ne sont pas très précises. Réalisez une évaluation des risques pour comprendre la propension au risque de votre organisme et vous assurer qu’elle est conforme aux objectifs commerciaux et à votre portefeuille de produits. Ces informations vous permettent de décider si le niveau de risque d’un client correspond à ses objectifs commerciaux ou aux zones géographiques dans lesquelles il opère.

Exercer un contrôle continu

Soyons réalistes : de nombreux événements peuvent se produire entre les contrôles périodiques. Par exemple, si un seul client se livre à des activités risquées ou douteuses sur le plan éthique entre deux contrôles, votre banque pourrait ne pas s’en rendre compte avant le prochain contrôle, qui pourrait avoir lieu des années plus tard. Il est préférable de mettre en place un modèle plus simple, avec moins de paramètres, capable de suivre en permanence l’activité d’un client afin de détecter tout signal d’alarme en matière de criminalité financière.

La cotation du risque ne doit pas se limiter à la question de savoir comment et quand les banques doivent émettre des alertes et des signaux d’alarme. La mise en œuvre d’un système fiable de cotation du risque permettra aux banques de mieux comprendre qui sont réellement leurs clients, comment ils effectuent leurs transactions, et permettra de créer de nouvelles opportunités commerciales en accordant leur confiance à leurs clients par le biais de leur portefeuille de produits et services.