Les criminels gagnent de l'argent grâce à diverses activités illégales, notamment la vente de drogues, le trafic d'armes, l'esclavage, etc. Ces activités clandestines peuvent générer des profits considérables pour les criminels, à condition qu'ils soient en mesure de transférer l'argent vers des systèmes financiers légaux. C'est pourquoi de nombreux criminels se tournent vers les « money mules » ou mules financières pour blanchir leur argent auprès des banques. Les banques ont donc besoin de la biométrie comportementale pour détecter les comptes de mules financières.

Que sont les mules financières ?

Les mules financières font office d’intermédiaires pour les organisations criminelles en offrant aux délinquants une voie d’accès aux services financiers légaux. Il en existe trois catégories distinctes :

Le premier type de mule financière est un participant non consentant d’un projet criminel – par exemple, une personne à la recherche d’un emploi – qui est manipulé et autorise les criminels à accéder à son compte bancaire. Le deuxième type est un participant consentant, une personne consciente de son implication dans une entreprise criminelle mais qui y participe en connaissance de cause en raison des bénéfices qu’elle pense pouvoir réaliser grâce à ses activités. Le troisième type de mule financière est une personne directement reliée à l’organisation criminelle qui ouvre un compte bancaire (très probablement avec une identité synthétique) dans le but de blanchir de l’argent illégal.

Dans de nombreux cas, les personnes tombent dans le piège des escroqueries visant les mules financières en répondant à des offres d’emploi ou en se voyant promettre de l’argent facile en échange de peu d’efforts. Si elles acceptent de participer, le criminel leur donne pour instruction de déplacer de l’argent au nom de leur « employeur », ce qui peut inclure de l’argent liquide, des crypto-monnaies, des cartes cadeaux, des dépôts directs ou encore la réception de biens matériels à leur adresse. Le participant (devenu une mule) se voit promettre une rémunération pour son travail.

Selon un récent rapport de la Banque asiatique de développement, la pandémie mondiale de COVID-19 a plongé des millions de personnes vivant dans la zone Asie-Pacifique (APAC) dans la pauvreté. Cette situation a permis aux criminels de saisir cette opportunité exceptionnelle pour recruter de nouvelles personnes pour en faire des mules financières. Les jeunes adolescents et âgés d’une vingtaine d’années sont particulièrement sensibles à ces techniques de recrutement.

Quelle est la portée du phénomène de mule financière dans la zone APAC ?

Lorsque les criminels parviennent à leurs fins, les sanctions infligées aux banques de la zone APAC peuvent être lourdes. Des données récentes indiquent que les amendes collectives payées par les banques de la zone APAC ont dépassé les 10,6 milliards de dollars américains pour non-respect des exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (LBA).

Les criminels se tournent vers les mules financières pour blanchir leur argent car ils pensent que les banques les considéreront comme des interlocuteurs dignes de confiance. Mais les récentes avancées technologiques – notamment la biométrie comportementale – permettent aux banques de suivre les criminels et de détecter les comptes utilisés par des mules financières et liés au blanchiment d’argent. Ainsi, les banques peuvent déceler cette activité plus tôt et y répondre rapidement.

Qu’est-ce que la biométrie comportementale ?

À la base, la clé pour lutter contre le blanchiment d’argent est de comprendre ce qui se passe en coulisse. La biométrie comportementale peut aider les banques à comprendre les habitudes de leurs clients et à repérer les comportements susceptibles de signaler la présence de mules financières.

Les solutions de biométrie comportementale se sont déjà révélées efficaces pour déjouer des attaques frauduleuses par prise de contrôle de compte (ATO). Dans ce type d’attaque, un usurpateur détourne le profil d’une autre personne et s’en sert pour acheter des biens en utilisant les informations de paiement de la victime ou transférer de l’argent à partir de son compte. La biométrie comportementale permet aux banques de déterminer si un client est réellement celui qu’il prétend être et d’arrêter les fraudeurs avant qu’ils n’atteignent le stade de transaction.

Le fonctionnement est le suivant : la technologie biométrique comportementale analyse la façon dont les humains interagissent généralement avec leurs appareils et leurs comptes, comme l’heure à laquelle ils se connectent, la façon dont ils touchent l’écran de leur appareil ou déplacent leur souris. En recourant à la biométrie comportementale, vos équipes chargées de la lutte contre la fraude peuvent analyser des centaines de paramètres qui caractérisent le comportement en ligne d’une personne, afin de déterminer si la personne qui se trouve derrière l’écran est un client réel ou un imposteur.

Les clics de vos clients sur l’écran de leur téléphone et la façon dont ils appuient sur les boutons constituent des données biométriques représentant leur profil. Ces données constituent leur identité numérique qui ne peut être reproduite. Cette identité numérique devient leur code-barres unique et les institutions financières peuvent l’utiliser pour identifier les interactions authentiques entre les clients et les distinguer d’éventuelles activités criminelles.

En d’autres termes, la biométrie comportementale offre aux institutions financières un ensemble complet de contrôles de sécurité sans faille qui accélèrent et améliorent le processus de détection des fraudes pour une meilleure fiabilité. Qui plus est, les applications de la biométrie comportementale vont au-delà de la prévention de la fraude. Elle offre également de nouvelles possibilités à votre banque afin d’identifier les mules financières qui tentent de blanchir de l’argent par le biais de votre organisation.

Comment la biométrie comportementale peut-elle être utilisée pour la détection de comptes utilisés par des mules financières ?

La biométrie comportementale offre quatre avantages distincts :

  • Elle signale un comportement anormal de la part d’un véritable titulaire de compte, par exemple une incertitude concernant l’interaction lors d’un transfert ;
  • Elle signale les transactions présentant un risque élevé d’activité de mule financière, telles que les interactions avec des comptes inhabituels ;
  • Elle détecte les comportements suspects classiques lors de l’ouverture d’un compte et empêche les criminels d’ouvrir de nouveaux comptes pour blanchir de l’argent.
  • Elle permet d’identifier les individus à l’origine d’une opération criminelle. Par la suite, les banques peuvent utiliser l’analyse des liens pour détecter les autres comptes de mules financières placés sous leur contrôle. Les banques peuvent alors identifier l’activité des mules financières et la signaler aux autorités.

La biométrie comportementale a déjà fait ses preuves dans le domaine de la détection des mules financières

Les criminels ont besoin d’utiliser des personnes lambda possédant des comptes bancaires légaux pour faire office de mules financières dans leurs projets. Alors comment la biométrie comportementale peut-elle les détecter ? La compréhension du comportement général de ces titulaires de compte est la clé permettant de découvrir une activité illégale.

Dans un certain cas, les cybercriminels ont ciblé une grande banque en lançant une campagne publicitaire précise pour inciter les personnes à agir en tant que mules financières. Les clients se sont laissés prendre au piège et se sont vus intégrés à un réseau de mules financières. La seule façon de résoudre ce problème était d’identifier rapidement l’ensemble du réseau en utilisant les techniques de détection des comptes de mules financières.

Le personnel de la banque a utilisé la biométrie comportementale pour établir le profil des mules financières. Environ 425 comptes ont été détectés en l’espace de quelques jours. Les informations recueillies ont été remises aux autorités afin de les aider dans le cadre de leur enquête criminelle.

Détection des comptes de mules financières sans affecter l’expérience client

La technologie d’IA basée sur la biométrie comportementale fonctionne discrètement en arrière-plan. Elle s’appuie sur des modèles de risque d’apprentissage automatique pour rechercher des comportements inhabituels indiquant une activité suspecte, mais pas au détriment de l’expérience client. Les clients peuvent poursuivre leurs activités sans encombre, tandis que les banques ont la certitude que seuls les clients réels utilisent leurs services.

La technologie évolue rapidement et les réseaux de mules financières jouent un rôle crucial en permettant aux criminels de blanchir de l’argent sans être détectés. La biométrie comportementale constitue désormais un élément essentiel pour prévenir la criminalité financière, en faisant de la confiance numérique un pilier fondamental pour chaque transaction bancaire réalisée en ligne.